La p'tite chronique musicale du Duc n°2

Exaltation, mysticisme ?
C’est un peu de tout cela que l’on retrouve dans le jeu de Charles Lloyd, un grand monsieur du jazz toujours en activité du haut de ses 68 ans ; ça et une sérénité indescriptible mais perceptible a l’écoute de son dernier album sorti en août 2005 sur l’excellent label ECM.
Pour moi Charles Lloyd fait parti des figures marquantes du saxophone, au même titre que Sony Rollins ou encore John Coltrane (pas pour les mêmes raisons bien evidement); Coltrane et Rollins ont tout deux une technique plus qu’impressionnante alors que Llyod communique une serenité rare et une certaine sensibilité par son phrasé bien a lui. Tout en écrivant ces quelques ligne je suis en train d’écouter l’album dont je vais vous parler, et je vous garantie qu'au moment ou Lloyd attaque les premières notes de « Ne me quitte pas », ca ne laisse pas indifférent …
On ne peut pas rester indifférent non plus au doigté de sa pianiste, la trop rare et precieuse Geri Allen, toujours aussi terriblement audacieuse et inventive. Un couple musical idéal que soutient, dans ce onzième album du saxophoniste le contrebassiste Robert Hurst, ayant travaillé chez les Marsalis, Tony Williams, Steve Coleman et rappelons le jouant aussi avec la ravissante et néanmoins excellente Diana Krall, et le jeune batteur Eric Harland, dernier accompagnateur en date de McCoy Tyner.

Le répertoire s'etend entre petites pièces pas si faciles (Canon perdido) et d’autres plutôt longues comme la troublante reprise, en ouverture, du « Ne me quitte pas » de Brel, dont je vous parlais quelques lignes plus haut, avec un poignant solo au ténor. On appreciera aussi l’hommage à Duke Ellington, par « Come Sunday » où Llyod converse langoureusement avec sa pianiste avant de lui laisser la direction des opérations (on pourrait presque faire une parabole sexuelle par l’intensité de cet échange). La version revisitée, d’inspiration très ‘Coltranienne’, d’Angel Oak, déjà sur le précédent « Lift every voice » (que je vous conseille également, surtout le "hymn to the Mother" qui est absolument exquis), toujours chez Ecm en 2002, n’étonnera point les amateurs du saxophoniste. Une curiosité dans cet opus, le très oriantale et étrange The Sufi's tears, où Llyod s'essaie au taragot (saxophone en bois d’origine hongroise, qui n’est même pas dans Word : quelle bande de boulets ces gens de chez Microsoft… enfin je m’égare...), en duo avec Hurst à l’archet sur sa contrebasse. Certains préfèreront à cette essai exotique la saisissante Georgia Brown Suite ou encore le final "Song of the inuit" integralement dédié à l'improvisation en quartet...

Voila je pense en avoir assez dit , la fin de l’album approche, Song of the inuit se fait entendre et le jour se lève progressivement …. Cet album est et restera pour moi une des « master piece » du jazz !!!!
Vous l’aurez compris je l’espère le jazz c’est mon kiff à moi après le métal extrême que certains qualifieront d’inaudible lool !
Si vous etes un minimum mélomane et audiophile cet album ne peux pas vous laisser de marbre et il vous enchantera j’en suis sur !!!
Si vous ne connaissez pas le jazz et son univers huppé (comme je le deteste) , allez y foncez aussi cet album est tout a fait accessible au oreilles non initiées (une belle phrase comme je les aime pour illustrer ce coté huppé qui pourrit le jazz aujourd’hui, marre des boulets qui pouf avec la bouche en cul de poule et le cul serré !!!)
Sur ce mesdames, messieurs j'espere vous avoir donné envie d'ecouté cette pure merveille, car trop rare sont les album d'un telle qualité de nos jours ...
Bonne ecoute